Atelier d'écriture en ligne

Les règles en sont simples :
En regard du thème "L'OMBRE",
vous écrirez un abécédaire...
A comme ...
B comme...
etc...

De cette liste de mots, vous en piocherez 5 ou 10 selon votre appétit, parmi les plus évocateurs et avec lesquels vous écrirez, fébriles et enthousiastes, un texte que vous nous enverrez à l'ombre de ce blog...



Et que le fête commence !!! 




Sans l'ombre de mon parasol - Benoit Godart (groupe "forum des mots") - Paris.

Cet été là, j’étais heureux car j’avais pu m’échapper pour quelques jours de Paris. En effet, je m’étais octroyé de courtes vacances sur la côte d’Opale, et d’avance, je savourais mon retour à la rédaction de mon journal « Beau comme un Dieu. » (Ma modestie légendaire quoi !) Pendant le trajet en train « first class of course », je projetais mes séances de bronzage sur la plage…Abandonné, Coquillages et crustacés…Heu, pardon, je m’égare. Enfin, cela allait être « magnifique chérie ! »

Ainsi, dès le premier jour, je m’installai bien proche du rivage et mon parasol bien positionné, protégeant ma tête mais laissant le corps bien exposé et offert à ce délicieux soleil. Le bruit des vagues mouvantes me berçait agréablement le cerveau. Enfin, j’y étais. Redevenir un bel homme, une créature Zen, me mis-je à fantasmer de moi-même (importante quoi le Kem. Hey, la modestie ? Elle est où là ?) Mais, bon, quoi, le plus important pour moi : garder le teint naturel de mon visage. Bronzer, oui, pas touche « at the face ». Car, pour tout vous dire, mon naturel à moi, c’est : fond de teint, rimmel, et ombre à paupières. Ben oui, quoi, dans le Milieu, on m’appelle « la Di va ». Eh oui, que voulez-vous, les apparences dans le monde du Showbiz qui est le mien (la mode, en ce qui me concerne) c’est capital dans la Capitale !

Et soudain ! Le drame, l’enfer, l’horreur, la Totale pour moi quoi ! Je vous explique : le soleil était au zénith, un soleil de plomb, plombant, laissant plombé, écrasé. Et voilà qu’une mini tornade d’une effroyable puissance traverse la plage, telle une toupie folle. Eh oh ! Eh, ah, Hop la ! Voilà mon parasol qui, tel un naufragé, décolle, s’envole, part en vrille en tourbillonnant, comme bien d’autres d’ailleurs, l’Apocalypse quoi.

Mais le pire était à venir, et c’était évidemment pour moi ! La tornade fut rapide, ok ! Pas de blessé, ok ! Mais Moi ! J’étais là, scotché, plombé, seul en plein soleil, pas une ombre pour protéger « My face », mon teint. La chaleur et son copain soleil commencèrent à faire fondre mon maquillage, qui se mit à couler, à suinter, dégouliner ; j’en avais les yeux qui se mirent à pleurer. Portant les mains sur mon visage, il était devenu gras et pire, impalpable !

Ces vacances durèrent trois jours, car les deux suivant cette horreur, je les ai passés à la piscine couverte, nageant comme un fou pour oublier le bronzage et au final, perdre 15kg de brioche et 17 de poignée d’amour. Et voilà le travail.

Je repartis « folle de rage » de ces vacances écourtées, saccagées par une saloperie de tornade blanche.

Et je fus de retour, toute blanche à Paris.


Sans l'ombre d'un doute - Benoit Godart (groupe "forum des mots") - Paris.

Ce que je vais vous raconter, c’est du Vrai. Et je l’ai fait en beauté, en plus !
J’étais fier de moi (Enfin.) Cette histoire, c’est ma naissance, c’est ma venue en ce monde. Et c’est moi qui l’ai fait en plus, tout seul, comme un grand.

Je l’ai fait, je l’ai vécu, croyez-moi ! « Sans l’ombre d’un doute » ! je ne dirais pas que cela fut facile, avec légèreté, Plutôt dur tout ça. Mais comme on dit : plus c’est dur, plus beau c’est. Eh bien mes amis, ce fut bien dur que de trouver cette lumière, que tant je désirais. Cette lumière de vie ! Mais je savais que cela valait bien tout le mal que j’allais avoir à fournir et que j’étais prêt à le faire, à le supporter. non ! En cette fin d’après-midi si lumineuse et saturée d’une forte chaleur humide Vêtue d’une longue robe d’un fin tulle blanc, sous son ombrelle déployée Elle savourait sa légèreté d’esprit retrouvée, risquant quelques pas timides. De jeunes hommes aux corps d’athlètes lui lançaient leurs regards guerriers Mais pour une femme de son rang, il n’était pas question d’y faire hommage. Elle poursuivait sa promenade, quand soudain, on s’inclina sur son passage. Se retournant malgré elle, elle capta une haute silhouette en costume gris. Son cœur battant trop vite, elle regagna l’hôtel, ignorant ce qui lui avait pris. Elle se coula dans un bain chaud, ressentant subitement un très grand froid. Et dans une semi-torpeur, elle glissa dans l’ombilic, de ses rêves d’autrefois.

Elle s’apprêta pour le dîner, choisissant avec grand soin sa tenue de soirée. Campée devant le miroir, elle prit le temps de s’examiner, et sans aménité. Sa jeunesse était loin, en dépit de ses efforts, pour lutter contre le temps. C’était un combat déloyal puisque quoi que l’on fasse, on en sortait perdant. Elle appliqua la dernière touche de maquillage, puis repéra un cheveu blanc. L’ôtant d’un coup sec, elle donna à son reflet, une réplique de but en blanc. Vade retro satanas, maudit sois-tu de m’avoir faite vulnérable à mon image. Crois-tu que je sois aveugle et bien sotte, pour ne pas m’épargner ton visage !
Elle voyageait depuis longtemps d’un bout à l’autre de contrées lointaines. Sans se lasser de tous les paysages nés d’une quête intérieure et incertaine. Elle tentait en vain d’alléger le poids de son histoire, hantée par les décimés. Constamment rattrapée par le passé, elle répétait l’enfer de destins ravagés. Elle avait tout essayé jusqu’aux élixirs du diable qui n’avaient rien arrangé. Quelques moments factices tordaient le cou à sa sensibilité à fleur de peau. Mais le pire revenait au galop en lui coupant le souffle, la reprenant en étau. Elle se ressaisit et prit sur elle, pour comme depuis toujours, sauver la face. Rejetant l’émotion, elle passa le seuil de la chambre, bien qu’elle fût si lasse.

Dans la salle somptueuse, elle fut accueillie par le serveur, un jeune hindou. Peut-être était-ce l’un de ceux de la plage, arborant ici-même des yeux doux. Il la mena à la table déjà dressée près de la baie vitrée, avec vue sur l’océan. Le ciel s’assombrit, suivi de pluies diluviennes, qui s’abattirent violemment.

« N’ayez crainte Chère, avec moi, vous êtes toujours à l’abri d’intempéries. » L’ambassadeur se leva, costume de flanelle seyant à ses cheveux déjà gris. En guise de baisemain galant, il effleura de ses lèvres le menu poignet ganté.

Sans doute fit-il mine de ne pas voir les larmes, qu’elle avait vite ravalées. Le Haut dignitaire ne pouvait s’afficher, avec une épouse, qui serait éplorée.

A la fin de la saison des pluies, on trouva sur la grève une ombrelle oubliée.



Sombre - par FB  (groupe "forum des mots") - Paris.

Sombre, sale est l'ombre du guerrier qui gît pantin écartelé dans le froid de l'hiver.
Son visage gris monstrueux contraste avec la lumière espiègle et luxuriante du midi . Une tâche sombre celui de son corps transperce impudiquement le paysage.
L'ombilic de la guerre est en germe.
Je m'approche de lui et relève légèrement sa tête, lui ferme les yeux, bientôt ils seront des millions.



L'ombre sur la plage - par FB  (groupe "forum des mots") - Paris.

L'ombre sur la plage se moque de moi,elle me nargue , me rapetisse, me rallonge et m'étire jusqu'au Zénith.
Elle maquille ma silhouette en de grotesques déformations. J'ai beau lui donner des coups de de pied, la piétiner, lui balancer de l'eau de mer, elle s'accroche à moi comme une sangsue . Et voilà que maintenant elle s'en prend même à mon ballon, de rond elle le transforme en ovale. Sous son innocente apparence , c'est une perfide, impalpable et mouvante.
Mais ce soir j'aurai ma vengeance , je sais bien qu'elle fera naufrage engloutie dans les ténèbres de la nuit.


Tète - par FB  (groupe "forum des mots") - Paris.

Ce soir je n'appuierai pas sur le petit bouton magicien de la télévision, je fuirai toutes ces hécatombes devenues si ordinaires à force de banalisation.
Mes fenêtres seront grandes ouvertes sur l'obscurité naissante, j'admirerai ce ciel rosé de carte postale touristique. Je respirerai à plein poumons les ombres gigantesques qui se dilatent monstrueuses sur le mur ocre jaune. Je deviendrai leur complice, je les apprivoiserai si ambiguës soient elles entre la crainte et le désir.
J'allumerai ma petite lumière bleue qui repoussera loin de moi des prémices d'angoisse : ma pénombre.
Je fermerai les yeux sur les cicatrices d'enfant et, dans mes bras tendrement, je bercerai les couleurs de mes plus doux souvenirs.


L'ombre de la banlieue - Abdeslam - (groupe "forum des mots") - Paris.

Dès le lever du jour, dès les premiers rayons du soleil, l'ombre dans la banlieue naît.
Dès les premiers sons et bruit, la nuit et le noir sont un couple qui disparaît
Dès les premiers pas, là comme ailleurs, la lumière au sol dessine des traits.

Ici comme ailleurs l'ombre de la banlieue ne fait pas des lignes droites,
Ici comme ailleurs l'ombre comme le Corbusier construit des murettes
Ici comme ailleurs sans couleur elle s'infiltre dans les rues étroites
Ici comme ailleurs les ombres chinoises se forment des pieds à la tête.
Ici comme ailleurs des silhouettes silencieuses se font des têtes à tête.

À l'entrée du printemps là où les ombres des gens sont les plus nombreuses,
Un spectacle gratuit se joue sur le béton dans une atmosphère chaleureuse.
Dans notre banlieue les ombres ne peuvent être racistes et ne sont pas tricheuses.
Des mains qui gigotent, des embrassades, des mallettes certainement précieuses.

Elles suivent sans relâches les hommes auxquelles elles sont incrustées
C'est rien de le dire moi mon ombre avait disparu et j'ai du la lester.
C'est une question de survie pour la vie nous sommes uni.

Les ombres des banlieues sont presque comme les autres
Dans les tunnels des métros elles disparaissent pour réapparaître,
Coincé comme des sardines certains les envient et les traitent de traîtres.

Les ombres de la banlieue ne font pas les faits divers
Les ombres de la banlieue n'aiment pas l'hiver,
Les ombres de la banlieue savent écrire même en vers,
Les ombres de la banlieue sont les mêmes dans tout l'univers.

Les ombres de la banlieue ne sont jamais mis en lumière
car ils préfère payer leurs impôts et refusent de brûler des voitures.

Les ombres de la banlieue refusent la délinquance
Et ne partent pas souvent en vacances,
Elles gardent la tête haute malgré les souffrances.
Elles ont fait le choix de faire vivre la France.

Même pour un salaire de misère l'ombre de la banlieue,
se fait discrète aimable et respectueuses des lieues,
Le prix à payer pour une soit disant une intégration.
Mais l'ombre de la banlieue n'a jamais de gratification.
Malgré les efforts une adresse suffit à une disqualification

On banlieue beaucoup d'ombres assises sur des murettes semble attendre
Je ne sais quoi au fil de la journée et sous les nuages elles disparaissent.
Jeunesse perdue qui pense qu'en brûlant la voiture du paternel elle se fera entendre.
victime du système qui par sa politique crée des troubles d'identité et de reconnaissance

Les ombres de la banlieue ont mal d'avoir les racines coupées,
Les ombres de la banlieue des insultes des regards ils ont soupé
Les ombres de la banlieue ont une scolarisation entrecoupée.
Les ombres de la banlieue de la capitale "paris" sont exclus
Les ombres de la banlieue de la ville de Lyon sont exiguës
Les ombres de la banlieue Marseille sur les collines sont suspendues.



L'ombre - Pascale Mathieu - (La Canourgue)

L’ombre naît, l’ombre meurt, l’ombre crie dans le jour, 
un appel au secours.
L’ombre est comme une enfant
Comme un jour qui s’allonge, une nuit se détend.
L’ombre est comme un témoin, d’un présent qui s’efface.
L’ombre est comme un passant, dont on poursuit la trace.
L’ombre, c’est un réveil où deux être s’enlacent.
Elle est comme une aurore.
L’ombre c’est le sommeil, où deux êtres s’embrassent.
Et comme un crépuscule, l’ombre c’est le passé, l’Hier
C’est l’éveil qui dépasse.
Debout, face au soleil
Derrière, elle trépasse.
Reste seul le présent
L’ombre est partout et veille
Immatérielle face.
Elle est comme un feuillage, qui bruisse doucement
Nous révèle l’invisible, esprit vif et soufflant, 
l’existence du vent.
L’ombre se sert de nous et le soleil encore
Du monde pas si flou, nous sommes la matière
Des personnes et des arbres, par qui il se projette
Pour définir l’image
Silhouette en découpé
Sans trait et sans visage
Tournant autour de nous, compagne de voyage
Diluant notre esquisse
Quand mélangée sous l’arbre
C’est elle qui nous glisse dans l’indifférencié.
Sous cet arbre à palabres
Dans cet ombre, tous mêlés,
Enlacés, embrassés, mélangés
On y fait le récit de chaque uns, son voyage
Et l’on repart d’ici, sans se faire d’ombrage.
Séparés, détachés, réparés, désunis,
Mais unis avec l’autre, réunis vers le sage,
découvert dans le nôtre
Cette alliance message, qu’à travers le désert, 
il y avait du sable
Au bout de celui-ci, peut-être cette plage
Frontière de la mer où se trouve un passage
Comme entre ciel et terre, où la lune envisage
D’éclairer les vivants, délivrant ses étoiles
Myriades de splendeurs, dont la nuit est la toile.

(Lire la version intégrale ici) : L'ombre de pascale Mathieu



Le Guerrier à l'Ombrelle - AndMister Lucien 
(From "The Quai des Lunes", Paris.)

Vêtu d'un impeccable pourpoint noir brodé du Pourpre Élégant, il cheminait félin en équilibre sur l'arête de la crête, suivant la piste blanche... à l'affût des traces d'ombres d'un ombilic enterré... Ouverture obligée vers les profondeurs et donc vers sa survie.

Pas une goûte de sueur ne perlait sous le maquillage patiemment appliqué par couches successives depuis l'aube du temps, maquillage qui selon un rituel ancestral se déroulait dans l'heure bleue, à l'exact moment où les nocturnes capitulent enfin et où les diurnes gonflent leurs poumons de l'orgueil nécessaire.

Apportant la touche finale des geishas de jadis, au bout de son doigt verdi par la pâte onctueuse d'un jus d'orties, il se peignit la bouche.

Le chant léger du coq sonnait la fin de la cérémonie.

Ses lèvres d'opale lui donnait l'apparence d'un à part.

Chevauchant la colline, il plissait :
Dans sa prunelle se reflétait la lumière grise et froide d'une détermination d'acier.

Sur la plage, les marchands d'ombres étaient les rois.
Secondés par la pègre noire soutenue par les mercenaires sombres...

Les bourgeois rassurés s'éventaient, plus bedonnant et narquois d'un parasol à l'autre.

Des tâches éparses et dérisoirement inutiles s'alignaient sur le sable face à l'infini du grand mauve.

Dans les mégapoles déclassées, les urbains à la peine s’amassaient sur les trottoirs jaunes et mouraient en tentant d'avancer, subtil contraste avec les trottoirs d'en face où rafraîchissements et brumisateurs vous étaient offert à satiété
- Les cons ! Disaient les uns
- Les salops ! Disaient les autres

Mais au zénith, l'Impalpable grillerait sous peu jusqu'à l'haleine des vivants..
Il fallait se calfeutrer, fuir le moindre rayon éclairant, l'horloge mouvante arrivait à son terme et jusqu'à la venue du disque lunaire, toute vie devait trouver naufrage dans la pénombre de l'Entraille...



Sous les feux de la rampe - Valérie Osganian 
(groupe "Au forum des mots") - Paris.



















L'ombre d'un doute - Valérie Osganian 
(groupe "Au forum des mots") - Paris.

« Donne l’absinthe à une femme, donne l’absinthe 
à une femme et tu verras comme elle t’aimera. »

Sa réussite scolaire, pour son père et sa mère, c’était une fierté indubitable ! Immigrés et survivants du pire, désirer un avenir pour elle, était admirable. 
Mais à l’adolescence, éducation, principes, valeurs, sombrent en intenable. Treize ans, la vie devant elle, sans l’ombre d’un doute, c’était très réfutable. Etait-elle réductible à ce faire-valoir, en satisfaisant une mise si honorable ? Alors pour une fois, elle ignora l’ombre pesante des directives parentales. 
Peut-on lui reprocher d’avoir osé, dans la pénombre, un risque qui fut fatal ? 
La fillette, à peine pubère, rêvait d’être enfin femme, est-ce condamnable ? 
Elle ne se méfia pas de ces garçons roublards, qui commirent l’irréparable. 
En lui faisant goûter un drôle de canada dry, on l’enivrait, c’est indéniable. Sourires et bravo pleuvaient, alors elle but et but, jusqu’au coma, inévitable. 
La mémoire de ce jour déloyal, resterait à jamais gravée, c’était probable. 
La suite décline une sombre série noire du trauma répété, est-ce croyable ? 
Dès lors, la jeune adulte confond les hommes et les breuvages imparables.
La quête d’amour s’ombre de l’imbuvable, pour être une femme désirable. Histoire banale, d’une proie facile, pour un abus initiatique, indéfendable. 
Alibi ou prétexte, dira-t-on, pour des substituts, devenus incontournables. Laissons au témoignage, le bénéfice d’un doute, à l’ombre d’un indécidable. 
De ce jour, elle crut à l’élixir, épanchant sa soif de reconnaissance insatiable. Dans l’ombre d’un doute, les penchants de cette femme restent discutables. 
Plus tard, elle en prit ombrage, voulant tuer en elle, des poisons délectables. 
Mais elle ne céda pas sur sa compréhension, pour des hommes vulnérables. Mauvaise augure de choix ombrageux, liés à un si lourd passif inoubliable ? 
La lutte est sans répit, pour repousser les ombres spectrales, inaltérables.
On dit que la victime se fait bourreau d’elle-même, est-ce si indubitable ? Laissons l’ombre d’un doute, quant à l’issue d’une telle fatalité, redoutable. 
Et qui sait au fond, de vie jusqu’à trépas, de quoi elle serait encore capable ? Peut-être percer l’ombre, au rythme des arpèges, d’une plume indomptable. 

La clarté de la lampe fait planer l’ombre d’un doute, sur l’écrit, déchiffrable.



La proie pour l'ombre - Valérie Osganian 
(groupe "Au forum des mots") - Paris.


« Ce chien, Voyant sa proie en l’eau représentée,
La quitta pour l’image, et pensa se noyer.
La rivière devint tout d’un coup agitée ;
A toute peine, il regagna les bords,
Et n’eut ni l’ombre ni le corps. »
Esope. « Le chien qui porte la viande. »

“Hello darkness, my old friend,
I’ve come to talk with you again...”
                     Simon and Garfunkel



« La proie pour l’ombre. »

Elle referma le livre, songeuse, pensant au sien, qui était peut-être un leurre.
Mais dans ce climat vespéral, nimbé de demi-pénombre, persistait une lueur.


Ce jour là.

L’hiver venu, la clarté déclinait vite, projetant ses ombres étirées à l’infini. 
Elle n’était pas revenue depuis très longtemps, si certaine que tout était fini.
A cet instant, au lieu dit du rendez-vous où elle attendait, l’anxiété la gagna. Elle ignorait qui était celui désireux de rester à l’ombre de son anonymat. Seuls, des appels masqués, lui avaient permis d’entendre un timbre de voix. Pour cette première rencontre, il avait donné ses consignes plusieurs fois. Ils se retrouveraient sur le dôme d’une colline, située à distance de la ville. L’endroit choisi lui étant familier, elle avait pensé à un scénario, puis mille. Elle devait s’y rendre à l’heure précise du crépuscule, à sa première tombée. Cependant, elle avait décidé de prendre de l’avance, pour ne pas se tromper. 


Quelques semaines plus tôt.

Son entourage qui n’aimait pas la savoir seule, lui avait conseillé un site. Repliée dans l’ombre depuis trop longtemps, elle devait rompre avec ce rite. Elle aurait refusé si on ne l’avait pas convaincue que c’était indispensable. Ses résistances cédèrent face à des témoignages, prouvant que c’était fiable. C’est donc le cœur léger qu’elle franchit le pas, du prétendu insurmontable. Plus tard, elle s’interrogerait sur le dessein, de ces bonnes âmes charitables. Entre-temps, prise à ce jeu du virtuel, elle eut des échanges plutôt plaisants. Mais nul ne sut vraiment capter son esprit pour l’intéresser, durablement. Jusqu’à ce profil, déclinant pseudonyme, profession et un texte évidemment.

« Le salon est plongé dans l’ombre. Par la fenêtre, je vois un flocon de neige. Il virevolte lentement vers toi et illumine nos probables stratèges. » Arpège.

Arpège enseigne la philosophie, apprend aux élèves le mythe de la caverne. Platon nous instruit sur ce qui se révèle à nous, à travers de pures illusions. Elles génèrent les faux semblants, dans l’ombre de ceux qui les gouvernent. L’être se dérobe devant son paraître, qui l’aveugle, de trop de présomptions.

« Bonjour. Arpège au téléphone. Merci pour votre beau mail, très lumineux. Je n’ai encore rien reçu de si vrai d’aucun internaute. J’ai été très heureux. Vos mots ont résonné au plus profond de moi et je me sens plus courageux. A mon tour de vous demander ce qui a pu vous inspirer, j’en suis curieux. »

J’avais écrit : « Aucun lieu nulle part ne nous préserve des erreurs passées. L’avenir est aussi incertain, que l’horizon que l’on ausculte, obstinément. Ceux censés être vos amis s’éloignent, dès que vous avouez être dépassé. Alors, vous réalisez que votre pire ennemi est vous-même, indubitablement.


Arpège avait un rire chaleureux. Leurs conversations duraient longtemps. Quand il proposa qu’ils sortent enfin de l’ombre, pour se voir, elle fut ravie. Et s’il décida et fixa lui-même les conditions, elle n’y vit aucun inconvénient. Elle pensa plutôt qu’il manifestait ainsi un tempérament déterminé à l’envi. Qu’elle connût déjà le mont de la vallée désignée, ne lui parut pas étrange. Elle l’accueillit comme signe d’un destin favorable, et même béni des anges.

Il avait exprimé le vœu qu’ils se retrouvent, peu avant la tombée de la nuit. Toutefois, elle avait décidé de prendre de l’avance, pour ne pas se tromper. Ils devaient se reconnaîtrait car il prononcerait les mots clé de leurs esprits. « Arpège. Aucun lieu nulle part. » Aussi, était-il impossible de se fourvoyer.

Elle aurait pu rétorquer qu’un code n’est secret qu’à condition de le vouloir. Cette clause ne garantissait pas une identité, pouvant toujours être usurpée. Elle n’avait rien dit de tout ceci et avait consenti, en choisissant de le croire. Elle s’était convaincue du bénéfice, à découvrir des possibles insoupçonnés. Il était temps pour elle, de s’extraire de l’ombre, et d’avancer vers l’inconnu. Elle se savait prête à tenter l’aventure, se laisser conduire vers l’impromptu.


A ce moment.

Elle s’était apprêtée malgré une demi-obscurité, qui noierait leurs visages. Ils ne s’étaient jamais vus, ayant l’un comme l’autre refusé la photo d’usage. Ayant gravi la pente, elle atteignit un plat, qui foisonnait d’herbes sauvages. Repérant le creux incurvé, tapissé de mousse, elle y échoua, sans ambages. Elle prit ombrage d’être soudain hantée, par ses souvenirs de tant d’orages. Comment ne pas craindre qu’Arpège, s’il existait, ne répète l’ancien ravage ?

Des pas légers troublèrent sa plongée dans un passé, si proche et lointain. Elle ne vit pas d’où il avait surgi mais elle capta une présence très palpable. Il n’était pas encore tout près mais les mots magiques lui parvinrent de loin. Se dressant, mains en porte-voix, elle fit écho, autant qu’elle en fut capable. Il était venu mais elle ne pouvait le distinguer dans la pénombre descendue. Elle aurait souhaité se hâter vers lui, à seule fin de lui souhaiter bienvenue. Or, elle sentit monter une peur immense et nouvelle, qui la serrait en étau. Sans un geste, elle se revêtit de la pénombre, comme d’un élégant manteau.

« C’est vous ? » Demanda-t-elle, en alerte, se tenant soudain sur le qui-vive. Il énonça les mots de leur sésame, ce qui la rassura mais pas complètement. Ayant dû anticiper ses doutes, il se rapprocha et effleura sa main lentement. « Je suis là pour vous et je le serai autant que nécessaire, quoi qu’il arrive. » Il était donc réel puisqu’il pouvait établir un contact physique, et la toucher. Mais il lui fallait des preuves sur ses véritables intentions et le choix du lieu. « Pourquoi ici, où j’ai passé tant de moments de solitude, et si endeuillée ? » Il lui répondit qu’elle devait se défaire, de tant de regrets des plus insidieux. Mais qui est-il donc pour avoir ainsi compris cette douleur qui me détruit ? Seuls, mes plus proches connaissent la vérité, sur mon épique parcours de vie. Et lors de nos si nombreux échanges, je ne lui ai jamais relaté mon histoire. Alors comment peut-il être aussi bien informé, et d’où lui vient tout ce savoir ? Elle l’entendit murmurer qu’il était l’ombre d’elle-même, tapie dans le noir. Il avait toujours été là et le serait jusqu’au bout, telle sa réplique en miroir. En la prenant par les épaules, il l’attira vers lui, avec une douceur infinie. Elle huma des effluves, rappelant le parfum, lui tenant lieu de seconde peau.

« Est-il possible que vous incarniez la version masculine de mon indéfini ? » Arpège avait répondu avec sérieux, qu’en tout cas, il n’était pas son corbeau. Elle prit une grande inspiration et osa poser une question, bien que très troublée. « Votre but est-il de me sortir des ténèbres, qui m’ont longtemps condamnée ? » « Je viens conjurer un sort, qui vous aliène, au cœur de vos cauchemars. » Dit-il. Qui lui envoyait ce messager pour contrer ses infortunes et abattre les remparts ? Selon lui, il était un doublon, façonné homme, de son passé meurtri, de femme.


Fin de partie

La prenant cette fois par le coude, il guida ses pas sous un ciel chargé d’encre. Levant les yeux pour le scruter, elle discerna un pâle quart de lune qui sombrait. Pouvait-elle se fier à cet homme la dirigeant d’une main ferme, mais jusqu’où ? Comme elle ne le voyait pas, elle se le figurait à travers une démarche très sûre. Elle n’aurait pas été surprise s’il avait dû dévoiler une tête masquée d’un loup. Elle entendit son propre rire, moquant une imagination de mauvaise tournure. Comme s’il avait lu dans ses pensées, il l’invita à chasser, ses funestes présages. « N’ayez rien à craindre de moi, que vous n’auriez fait, tel votre propre otage. » Ils marchaient depuis quelques instants, quand un vent fort se leva en tempête. La puissance des rafales, malmenant leurs corps, ils se retrouvèrent tête à tête. Un éclair zébra le toit de nuit, le lézardant en une longue déchirure lumineuse. Ce qu’elle vit en temps éclair, elle le devait aux folles intempéries capricieuses. Légèrement penchée et à flanc de la colline, se dressait une belle pierre tombale. Se tenant à son pied, avec sa haute stature, Arpège arborait un visage sculptural. Il était impossible qu’il fût ni charnel ni vivant, et encore moins son frère d’âme. Toute cette scène n’était qu’une vaste illusion, dont elle était l’objet et la proie.

Son cœur se mettant à battre la chamade, elle recula et heurta une mince paroi. Elle la parcourut du bout des doigts, concluant au montage d’un décor approprié. En était-elle l’auteur et lui, un simple acteur, qu’elle aurait, à son insu, recruté ? Les contours d’un cimetière se découpèrent dans un jeu de lumière et d’ombre. Arpège s’étant immobilisé, la regarda dans les yeux, les siens plutôt sombres. « Alors, qu’auriez-vous à dire pour votre défense, vous, le grand et bel acteur ? Pour ma part, je considère avoir été flouée, ayant eu affaire à un vil imposteur. » Sous le front haut et le nez aquilin, un pâle sourire dessina des lèvres sensuelles. « Je suis très confus mais vous m’avez élu pour jouer cette partie existentielle. » Sans hésiter, il se précipita vers elle, qui pensait avoir désormais touché le fond. Déposant un baiser papillon sur sa joue toute mouillée de larmes, il lui fit front. Ainsi, traverse-t-on le monde des apparences pour atteindre nos propres vérités. Quoi qu’il en soit de nos défaillances et faiblesses, leur rachat n’est que vacuité.

Sur une pierre tombale toute de guingois, on pouvait lire, en lettres araméennes : V.A Aramian. Née en 1959. Décédée…Or, cette date avait été effacée ou biffée. Se serrant tout contre le comédien, elle lui demanda si ça valait toute cette peine. Il hocha sa tête, surmontée d’une magnifique crinière de longs cheveux argentés.

Adrien, saisissant sa main, il la serra fort, quand l’écran fit défiler le générique. « Tu m’en veux ? » Chuchota-t-il dans la pénombre de la salle, promue aux 3D. Elle se tourna vers lui, tout sourire : « Tu es décidément un homme maléfique. » « Et toi, la pire des femmes que j’ai jamais connues, comme le diable incarné ! »




A l'ombre de nos abécédaires - Valérie Osganian 
(groupe "Au forum des mots") - Paris.







Hôpital de jour Folie Regnault (Fondation Élan Retrouvé) - Paris.

Ombre douce, voluptueuse, protèges moi
De l'éclat du soleil qui me met en émoi
En ton sein je me niche au fond de la nuit
Et poursuis mon sommeil orgiaque sans un bruit
Camille


Je suis blanc et pourtant mon esprit est très noir
Le soleil brûle ma peau mais mon cœur est froid
La vie est assombrie par le manque d'espoir
Sombre, loin d'être une lumière, je suis moi
Joel


Il était au fond du gouffre cette nuit là
Il était seul, abandonné, moral bas
Tout à coup apparu une étoile si belle
C'était sa dulcinée, il couru auprès d'elle
Tony


L'obscurité ça fout les jetons à tout l'monde
La lumière ça donne des coups de soleil en rafale
Alors que faire? A la mer se jeter dans l'onde
Ou sous son lit à y crever de trouille
Romain


Toi tu es mon ombre, ma vie, mon soleil vert
Tu es mon seul asile, je te veux près de moi
Je m'enfouis avec délices dans tes cheveux
Tu es mon vitrail naissant enluminé d'or
Christiane




Bonheur où es tu ? Abdeslam - (groupe "au forum des mots") - Paris.

Le bonheur ! ce fameux bonheur,
Le rencontrer c'est vivre la vie en couleur,
Le perdre c'est connaitre l'absence de chaleur,
La tristesse et même le malheur.

Beaucoup le cherche sans le trouver,
Parfois jusqu'à en crever.
Et une fois trouver,
Ils n'ont plus rien à éprouver.

Alors pourquoi ne pas se contenter
De ce que la vie nous a complotés,
Et par elle se laisser emporter
Même si c'est dure en réalité.

Peut-être accepter simplement
De courir après lui quotidiennement
Et de le toucher que partiellement.

À sa poursuite et marcher dans son ombre
Être son sillage, tenir l'équilibre s'il se cambre,
Se contenter d'être au chaud dans une chambre.
Certains pensent le trouver dans les bars
D'autres à l'abri des regards
Loin des comptoirs même sans boire.

De ce faux bonheur c'est certain on en meurt
Cela n'arrête pas la course de ceux qui n'ont pas peur
Malgré la mort ils y trouvent une certaine chaleur.

Pourquoi prendre tant de risque
Alors que la vie chante comme un disque
Des joies, des peines, pour ça on ne paie rien au fisc,
Simplement manger et rire comme aller au cirque.

À la télé on dit le trouver dans les près
Mais si on ouvre les yeux il est beaucoup plus prêt,
Juste là regardez cette ombre a tous ses traits.

Il n'est guère loin, à porté de main
Et il appartient à tout un chacun
Du matin au soir et du soir au matin.



Vivre chaque jour - Jean-Pierre Parra

Interrogé
coupé du dehors

tu t’insurges
abusé par ta pensée
contre l’usure

&

Resté
cœur contenu
debout devant la porte où se heurte l'extérieur

tu hésites
vie offerte
à sortir
dans le monde tumultueux venu du silence

&

Esprit aiguisé
par ton âme déchirée

tu dédis
volonté née
ta force surgie à l'improviste
à défaire
voie libre trouvée
les nœuds qui entravent

&

Pris
sur la route infinie
dans le tourbillon de l’imagination

tu fais
sans regarder au loin
un pas en avant
avec l’espoir de parvenir

&

Chancelant à chaque pas
sur ton chemin
habité par le silence des hommes




Ombré - Michel Bourdin - (Quai des Lunes, Paris)

Où te caches-tu fidèle amie toi qui ne me quitte pas ?


Marcheras-tu un jour au-devant de mes pas ?


Babillarde sans l’être !


Réservée garante de mon être.


Élue du est mon élue







Skippy - Claire Deplus - (le 22.03.17)

Skippy marchait dans le noir à travers la forêt ; sa torche s’était éteinte et il était loin du camp où il aurait pu la rallumer. Mais, il avait appris à s’orienter, en utilisant tous ses sens. Il sentait sous ses pieds nus, l’épais tapis de feuilles brunies par l’automne et mouillées par la dernière pluie. Soudain, un craquement sec se produisit, et Skippy fut emporté violemment dans un trou profond. Il réussit à amortir sa chute en lançant ses mains sur les côtés des parois du trou. La peau de bête qu’il avait jetée sur son dos avant de partir, s’accrocha aux murs de terre, et se déchira quand il toucha le fond de la caverne. Ses longs cheveux s’accrochèrent sur les bords, et Skippy poussa un hurlement. Il leva la tête vers l’ouverture du trou, et vit la lune. Au moins, elle lui donnait une faible clarté dans cet endroit si sombre. Sa compagne Skippa allait sans doute s’inquiéter de son absence ; mais comment sortir de ce trou ? Il avait quitté le camp pour chasser, car il savait qu’on trouvait plus d’animaux la nuit. Mais, comment n’avait-il pas senti le sol s’affaisser sous ses pieds nus ?

Skippy tâta la terre de chaque côté. Elle était dure et les mottes enfouies dans la paroi entre des pierres ; peut-être pourrait-il se servir de ses ongles longs et acérés pour s’aider à remonter, car personne ne viendrait le chercher là. Il fallait qu’il sorte de ce trou ; il entendit une chouette hululer dans un arbre qui jetait son ombre dans le profond de la caverne ; il chercha autour de lui, à tâtons, si quelque chose pourrait l’aider. Il trouva quelques branches qui paraissaient solides, et qui avaient dû tomber du sol en même temps que lui; il les coupa en plusieurs morceaux.

Skippy avait une idée ; il devait sortir de ce trou sombre ; il essaya d’enfoncer un morceau de branche dans la terre, c’était difficile. Mais il réussit à la faire tenir, grâce à ses ongles ; encouragé par ce premier succès, il enfonça avec force, un autre morceau de branche sur l’autre côté du trou ; il se hissa sur la branche de droite puis sur la branche de gauche ; il entendit un craquement ; sa construction n’était pas assez solide, car il désirait installer les branches suivantes en appuyant ses pieds sur les premières. De la sorte, il formerait une sorte d’escalier jusqu’au sommet du trou.

Skippy sentit un moment de découragement ; mais il pensa au camp, aux animaux sauvages qu’il devait trouver pour manger, et à Skippa qui s’inquiétait. Alors, il reprit ses forces ; il enfonça encore plus loin dans la terre, les deux premières branches installées ; il ne fallait pas qu’elles se cassent et il le fit le plus délicatement possible ; il fit un nouvel essai et posa ses pieds tour à tour sur les deux branches, tentant d’en porter d’autres en même temps, pour les installer au-dessus. Il dérapa car les branches dans ses bras le gênaient. Il se reprit en s’appuyant sur les murs de terre, mais les branches tombèrent de ses bras. Il reposa ses pieds au sol, et chercha un moyen de porter les branches en gardant les mains libres ; il tâta la peau de bête déchirée sur son dos, et s’aperçut qu’il pouvait insérer les branches dans une ouverture entre son bras et son torse ; il sourit intérieurement ; là-haut, la lune avait disparu et Skippy était maintenant complètement dans l’ombre de la sombre grotte ; qu’importe, il recommença son ascension, et cette fois-ci, put insérer fortement chaque branche l’une au-dessus de l’autre pour y appuyer ses pieds.

Skippy transpirait ; il lui fallait beaucoup de force pour entrer chaque branchage dans la terre des deux côté ; arrivé presque au bord du trou, il entendit un bruit de feuilles ; sans doute, un animal fouinait autour ; peut-être, si Skippy s’en sortait, pourrait-il l’attraper ? La faim le tenaillait maintenant ; il ne savait plus combien de lunes avaient passé sans qu’il mange quelque chose.

Skippy fit un dernier effort et réussit à s’appuyer, grâce à ses ongles, au bord du trou, malgré qu’il glissât sur les feuilles mortes. Quelque chose reniflait ses mains ; sans doute l’animal qu’il avait entendu. Pourvu qu’il ne soit pas trop gros, car Skippy se rappela qu’il n’avait plus sa torche, ni aucun outil pour l’attraper. Il sortit enfin ! Le ciel aussi était très sombre ; il allait sans doute pleuvoir et sa peau de bête déchirée ne suffirait pas à le protéger, car les orages étaient très violents. Un éclair apparut, et Skippy put entrevoir dans l’ombre l’animal qui avait senti ses mains. C’était un mulot ; Skippy saisit la dernière branche qui l’avait aidé à sortir, et l’enfonça sur l’animal. Puis il partit en courant vers le camp pour éviter la pluie, emportant le mulot sur la branche qui lui avait servi de pique. Au moins il ne rentrait pas bredouille même si le mulot ne permettrait de manger qu’à lui et à sa compagne. La prochaine fois, il serait plus prudent…



Un week-end-end pas comme les autres - Ab des lam - (Hdj FW, Paris.)

Allo ! Allo ! Pas de réponse, c'est pas grave quand tu ne réponds pas, je sais que tu as pas le moral et tu te mets en retrait de tout.

A extérieure il fait juste bon, de temps en temps un petit rayon de soleil aussi bref qu'un mirage. Malgré le temps j'avais grand besoin de voir d'autres rivages que mes quatre murs.

Dans la rue je croise des artistes de cirque qui font la promotion de leur spectacle. Des clowns avec des masques ou de beaux maquillages, des mimes ou des animaux en cage. Mais très vite le réel me rattrape et je te retéléphone et à ma grande surprise une voix étrangère décroche. Il se présente comme un pompier et m'annonces que tu es mort.

Depuis ce jour j'ai la rage.



Initiatives - Ab des lam - (Hdj Fernand Widal, Paris.)

Cette ombre qui me suit parfois, j'aimerais m'en débarrasser. Elle se traîne derrière moi depuis la prime enfance. Elle me suit tout le temps, me rappelant mon petit poids, ma petite taille. Elle est juste présente, fusionnelle, elle n'intervient ni dans mes initiatives ni dans ma volonté. C'est le contraire de la matière, elle n'a aucune substance ni personnalité. C'est l'ombre de moi-même.



J'adore le soleil - Hamdani Taoufik - (Hdj Fernand Widal, Paris.)

J'adore le soleil et ses rayons me réchauffant me font du bien pour tout mon corps. Mais paradoxalement c'est sous l'ombre et sa tribu que j'aime rester pour écrire et ça m'apaise. Je sens que j'ai plus d'inspiration avec les gens de l'ombre. Et pour toi qui aime le soleil, tu m'as laissé avec la tribu de l'ombre. Mais je ne t'en veux pas ma belle.



Mon Ombre - Josiane Nys - (Quai des Lunes, Paris.)

Mon ombre me suit, mais je ne suis pas mon ombre.

Je peux vivre sans elle, mais sans moi elle ne saurait vivre.
Je suis libre d'aller où bon me semble, mais elle, telle une esclave soumise,
ne peut que docilement mettre ses pas dans les miens.

Mon ombre toujours fait grise mine, de la vie ignorant les couleurs, sans cesse cherchant à imiter le moindre de mes gestes, incapable de la moindre initiative.

Forme éphémère et mouvante sans substance réelle, silhouette fantoche insaisissable, elle fuit la lumière, se servant de moi comme d'un écran pour s'en protéger. Mais ignore-t-elle que du soleil elle tire son existence et que, lorsque survient la nuit, inexorablement au néant elle retourne ?

Condamnée durant le jour à ramper sur le sol ou à raser les murs, c'est selon, mon ombre ne sait ni sourire, ni aimer, de la vie elle méconnaît les saveurs subtiles. Sourde à la musique, aveugle à la beauté, elle ignore tout de la joie d'exister par soi-même.

Mon ombre me suit, mais je ne suis pas mon ombre.



La tribu de l'ombre - Philippe Philippe - (Hdj Fernand Widal, Paris.)

Elle Vivait le jour.

Toujours en plein soleil et contemplait le ciel.
Elle prenait différentes formes.


Elle courait le long des chemins.
Elle courait le long des montagnes
Elle courait le long des rivières
Elle courait le long des forêts
Elle pouvait aussi traverser la mer.


Mais le soir venu, elle disparaissait.
Où ? Personne ne le savait !

La tribu de l'ombre cherchait la nuit
le moyen de vivre éternellement au grand jour.
Y parviendrait-elle ?



Dans son ombre par Brahim

Je ne t'ai pas vu arrivé. Tu m'as pris dans ton piège.
Ton sourire et tes mains, un yaourt offert.
Je me suis pas méfié, tu me proposais un rêve, ce n'était qu'un mirage.
Je me suis laissé embarquer, je t'ai fait confiance.

Derrière toi je disparaissais.

Plus de joies, plus de rires tu existais grâce à mes peines et mes larmes.

De toi je dépendais.

Aujourd'hui je marche, la minute présente m'a invitée.



Anonyme

Quelle était cette forme, cette empreinte qui me suivait,
me précédant jour et nuit, parfois se dédoublant,
toujours vivante, imprimant de façon éphémère le théâtre de ma vie...



L'ombre par Dalila Khz. - Paris

Toi qui te porte
Toi qui te cherche
Toi qui l’ombre te donne du souci
Cherche la lumière qui reflète l’ombre.
Elle t’apaise, elle marche en arrière et en avant. Elle te suit pas à pas.
Comme si elle voulait rattraper la vie.

Comme si ton passé sombrait tout doucement et que la blancheur de l'ombre jaillit en une nuit.en une multitude d’éclats de verre transparents sans rien qui se casse. Simplement l’ombre du passé qui dort pour un réveil lumineux.



Éloge de l'ombre par Sylvana Mattozzi - Paris

A l'ombre du grand frêne
je viens me reposer
la fraicheur du feuillage
m'invite
à quitter mon costume trempé
à regarder paisiblement
mes mains nues, innocentes
à l'abri des brûlures
insensées du soleil,
j'écoute
la caresse des voix amicales.
Raisonne
une possible présence



D'ombre et de lumière - Josiane Nys - (Quai des Lunes, Paris.)

D'ombre et de lumière, le monde est tissé,
D'ombre et de lumière aussi l'homme est fait.
Pourquoi laissons-nous l'ombre grandir,
Pourquoi ne défendons-nous pas cette flamme,
Cette espérance folle qui palpite en nos cœurs ?

Où sont passés les chevaliers,
Ceux qui brûlaient pour leur idéal,
Dans ce monde insensé
Que sont devenus les fous d'amour ?

Aujourd'hui les loups sont partout,
Ils ont oublié l'amour et envahi nos villes,
Ils ont cerné nos enfants et nos maisons,
Dans les bois ténébreux,
Le petit Chaperon rouge n'ose plus s'aventurer.

Pourtant dans ce monde aseptisé,
Nous sommes si bien gardés !
C'est sûr, il ne peut plus rien nous arriver !
Alors allons-nous baisser les bras et capituler,
Allons-nous par peur faire le deuil de notre futur ?

Non, car, n'en doutez-pas,
Les chevaliers sont de retour.
Entre l'ombre et la lumière,
Ils ont choisi la lumière,
Entre prendre et donner,
Ils ont choisi de tout donner,
Dans leur cœur il y a tant d'amour
Que l'ombre n'y survivra pas.

Alors l'agneau naîtra au cœur de la tourmente
Et le soleil illuminera la nuit obscure.
Parce que dans nos cœurs il reste une rose
Que nul ne peut flétrir,
Demain nous serons libres,
Demain le monde sera plus beau,
Alors enfin finira le temps des loups
Et viendra le temps de la colombe.

Septembre 2004




Crépuscule - Josiane Nys - (Quai des Lunes, Paris.)

Lorsque palissent les couleurs des blés sur la plaine,
Lorsqu'au sol s'allonge l'ombre des grands chênes
Et que s'accrochent aux branches noircies
Les premiers lambeaux de la nuit,

Lorsque désertant le zénith l'astre du jour
En une dernière révérence vers l'horizon s'incline
Et que s'avancent en catimini les ténèbres assassines,
Lorsqu'effaçant d'un geste invisible la beauté des fleurs
Les ombres furtives inscrivent sur la Terre le deuil de l'ancien jour,

Voyez pourtant comme le ciel flamboie !
Voyez comment le Soleil dans un ultime combat
Libère son or et son pourpre pour éblouir nos cœurs
Avant que la nuit sournoise n'étende alentour son dais de velours !

Et si vous le pensez vaincu,
Des hauteurs célestes à jamais disparu,
Lorsque la Lune de sa blafarde clarté vient le détrôner,
Baliverne !

Voyez comment à l'aurore toujours il revient en vainqueur,
Portant comme une oriflamme
Ses couleurs par milliers !

Voyez la nuit devant sa lumière souveraine
S'enfuir en silence et baisser les armes !
Et si survivent encore au sol quelques ombres efflanquées
Ce ne sont que témoignages discrets de sa splendeur retrouvée.

Février 2017



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Salut les z'Amis,


L'ATELIER D'ÉCRITURE EN LIGNE OUVERT !!!

Les règles en sont simples :
En regard du thème "L'OMBRE",
vous écrirez un abécédaire...
A comme ...
B comme...
etc...

De cette liste de mots, vous en piocherez 5 ou 10 selon votre appétit, parmi les plus évocateurs et avec lesquels vous écrirez, fébriles et enthousiastes, un texte que vous nous enverrez sur ce blog de l'ombre. 
(Merci d'indiquer votre ville ou nom de structure ou d'asso.)

L'enjeu du jeu, outre l'amitié entre les peuples... consistera pour nos textes à être lus par des comédiens-maison lors de la semaine de festivités ombresques qui aura lieu à l'Acerma du 11 au 17 Juin

Cet atelier est libre et s'adresse aux individus comme aux associations...

Les amis hors périph. y sont conviés, institutions sympathisantes ou partenaires partout en France susceptibles d'animer un atelier d'écriture...

Merci de diffuser l'info auprès de vos équipes concernées.

Trente ans, une jeunesse !!! 
Et si nous lui faisions sa fête ensemble à cette belle fille-là ?

A Vos plumes, les z'Amis, à vos claviers...
Faites chauffer les méninges et les z'Articulations !!!

Ô Poétesse & Poète,
Que la Muse Ombrageuse t'Accompagne !


AndMister Lucien
(from "The Quai des Lunes", Paris)

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