mercredi 7 juin 2017

L'ombre de la banlieue

Dès le lever du jour, dès les premiers rayons du soleil, l'ombre dans la banlieue naît.
Dès les premiers sons et bruit, la nuit et le noir sont un couple qui disparaît
Dès les premiers pas, là comme ailleurs, la lumière au sol dessine des traits.

Ici comme ailleurs l'ombre de la banlieue ne fait pas des lignes droites,
Ici comme ailleurs l'ombre comme le Corbusier construit des murettes
Ici comme ailleurs sans couleur elle s'infiltre dans les rues étroites
Ici comme ailleurs les ombres chinoises se forment des pieds à la tête.
Ici comme ailleurs des silhouettes silencieuses se font des têtes à tête.

À l'entrée du printemps là où les ombres des gens sont les plus nombreuses,
Un spectacle gratuit se joue sur le béton dans une atmosphère chaleureuse.
Dans notre banlieue les ombres ne peuvent être racistes et ne sont pas tricheuses.
Des mains qui gigotent, des embrassades, des mallettes certainement précieuses.

Elles suivent sans relâches les hommes auxquelles elles sont incrustées
C'est rien de le dire moi mon ombre avait disparu et j'ai du la lester.
C'est une question de survie pour la vie nous sommes uni.

Les ombres des banlieues sont presque comme les autres
Dans les tunnels des métros elles disparaissent pour réapparaître,
Coincé comme des sardines certains les envient et les traitent de traîtres.

Les ombres de la banlieue ne font pas les faits divers
Les ombres de la banlieue n'aiment pas l'hiver,
Les ombres de la banlieue savent écrire même en vers,
Les ombres de la banlieue sont les mêmes dans tout l'univers.

Les ombres de la banlieue ne sont jamais mis en lumière
car ils préfère payer leurs impôts et refusent de brûler des voitures.

Les ombres de la banlieue refusent la délinquance
Et ne partent pas souvent en vacances,
Elles gardent la tête haute malgré les souffrances.
Elles ont fait le choix de faire vivre la France.

Même pour un salaire de misère l'ombre de la banlieue,
se fait discrète aimable et respectueuses des lieues,
Le prix à payer pour une soit disant une intégration.
Mais l'ombre de la banlieue n'a jamais de gratification.
Malgré les efforts une adresse suffit à une disqualification

On banlieue beaucoup d'ombres assises sur des murettes semble attendre
Je ne sais quoi au fil de la journée et sous les nuages elles disparaissent.
Jeunesse perdue qui pense qu'en brûlant la voiture du paternel elle se fera entendre.
victime du système qui par sa politique crée des troubles d'identité et de reconnaissance

Les ombres de la banlieue ont mal d'avoir les racines coupées,
Les ombres de la banlieue des insultes des regards ils ont soupé
Les ombres de la banlieue ont une scolarisation entrecoupée.
Les ombres de la banlieue de la capitale "paris" sont exclus
Les ombres de la banlieue de la ville de Lyon sont exiguës
Les ombres de la banlieue Marseille sur les collines sont suspendues.


Abdeslam - (groupe "forum des mots") - Paris.

1 commentaire:

  1. Mots de flambée poétique, rythmés en Slam-rap-tag jusqu'à la classique versification des belles lettres
    Martèlent les têtes et les cœurs, emportés par un hymne dont la portée ne peut qu'atteindre nos êtres.
    Les mots s'affolent, scandent un chant, une oraison battant les pavés de toutes les banlieues à l'unisson.
    Venus d'ici, de là-bas, d'ailleurs, serait-il vain d'oser un propos qui fait toute notre raison et notre union ?
    Nous sommes tous, de près ou de loin, des enfants d'immigrés, frappant le macadam de nos révolutions.
    Merci à cette plume et à son auteur d'éclairer les parts d'ombre et de lumière, dans leur juste dimension.
    Le passé se regarde et se comprend à l'aune d'un présent qui ranime tous les maux de l'Histoire à sa façon.
    Et si on se trouve au futur à répéter et bégayer les leçons tant apprises mais mal intégrées, politique oblige
    Rendons hommage à tous ceux qui dans le vif de l'actualité, à le dire et le redire, ne sont pas pris de vertige.
    V.O

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