mardi 30 mai 2017

Le guerrier à l'ombrelle

Vêtu d'un impeccable pourpoint noir brodé du Pourpre Élégant, il cheminait félin en équilibre sur l'arête de la crête, suivant la piste blanche... à l'affût des traces d'ombres d'un ombilic enterré... Ouverture obligée vers les profondeurs et donc vers sa survie.

Pas une goûte de sueur ne perlait sous le maquillage patiemment appliqué par couches successives depuis l'aube du temps, maquillage qui selon un rituel ancestral se déroulait dans l'heure bleue, à l'exact moment où les nocturnes capitulent enfin et où les diurnes gonflent leurs poumons de l'orgueil nécessaire.

Apportant la touche finale des geishas de jadis, au bout de son doigt verdi par la pâte onctueuse d'un jus d'orties, il se peignit la bouche.

Le chant léger du coq sonnait la fin de la cérémonie.

Ses lèvres d'opale lui donnait l'apparence d'un à part.

Chevauchant la colline, il plissait :
Dans sa prunelle se reflétait la lumière grise et froide d'une détermination d'acier.

Sur la plage, les marchands d'ombres étaient les rois.
Secondés par la pègre noire soutenue par les mercenaires sombres...

Les bourgeois rassurés s'éventaient, plus bedonnant et narquois d'un parasol à l'autre.

Des tâches éparses et dérisoirement inutiles s'alignaient sur le sable face à l'infini du grand mauve.

Dans les mégapoles déclassées, les urbains à la peine s’amassaient sur les trottoirs jaunes et mouraient en tentant d'avancer, subtil contraste avec les trottoirs d'en face où rafraîchissements et brumisateurs vous étaient offert à satiété
- Les cons ! Disaient les uns
- Les salops ! Disaient les autres

Mais au zénith, l'Impalpable grillerait sous peu jusqu'à l'haleine des vivants..
Il fallait se calfeutrer, fuir le moindre rayon éclairant, l'horloge mouvante arrivait à son terme et jusqu'à la venue du disque lunaire, toute vie devait trouver naufrage dans la pénombre de l'Entraille...

AndMister Lucien 
(From "The Quai des Lunes", Paris.)

2 commentaires:

  1. Décidément, Mister Lucien a bien des cordes à son arc! Non content d'être un chevalier, servant des plumes sous la lune ombragée de certains quais de brume, c'est un inventeur d'images, sons et lumières, un auteur dont le dernier texte révèle l'art de l'écrit inspiré, cultivé, subtil, et enlevé. De plus, je l'ai entendu de mes propres oreilles, sa voix bien timbrée (aucun jeu de de mots, bien entendu!) prend les inflexions du conteur, de l'orateur et du comédien, cela va de soi...Je m'incline devant ce grand artiste. V.O

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  2. Commentaire sur le dernier texte de Mister Lucien

    Hélas, pas paru, resté dans l’ombre de mes déboires d’informatique
    Je maintiens ce que j’ai pu écrire, concernant cet artiste acrobatique.
    Notamment, relativement au dernier texte, à la plume chromatique.
    Qui sauve mon manque de savoir faire, peu élaboré en informatique
    Sinon celui-là même, dont je fais toutes louanges, dans ma critique ?
    Que me soit donné le talent, d’assurer seule, toutes mes chroniques.
    V.O

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